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Maudit hiver!

Comment changer sa perception de l'hiver?

Bastien Lefebvre dirige une randonnée en traîneau à chiens à Bonsecours, dans la région du Mont-Orford.
Bastien Lefebvre dirige une randonnée en traîneau à chiens à Bonsecours, dans la région du Mont-Orford.

«Il faudrait mieux identifier ceux qui n'aiment pas l'hiver et faire en sorte qu'ils puissent être actifs pendant cette saison. C'est un gros défi», explique Martin Brochu. Le meilleur moyen, selon lui, est d'apprivoiser le froid. «Quand on travaille sur nos projets de recherche avec les personnes âgées, on constate que le froid est un facteur limitant, particulièrement auprès de cette clientèle, dont le métabolisme réagit fortement aux basses températures. Mais certains commencent à pratiquer des activités à l'extérieur et à faire abstraction du froid lorsqu'ils comprennent qu'il est possible de l'apprivoiser.»

Johanne Bernatchez est psychologue.
Johanne Bernatchez est psychologue.

Pour la psychologue Johanne Bernatchez, il y a toujours une raison qui se cache derrière le fait de dire qu'on n'aime pas l'hiver. C'est cette raison qu'elle cherche à découvrir : «Lorsqu'une personne me dit qu'elle n'aime pas l'hiver, j'entends sa déception, l'émotion négative qui s'en dégage. Mais j'essaie de comprendre ce qui explique qu'elle souffre tant à cause de cette saison.» Selon elle, cela peut être un facteur dont la personne n'est pas consciente, comme le fait ne pas être habillée de façon appropriée.

La haine de l'hiver cache souvent un sentiment de perte : «Il faut faire le deuil de sa saison de golf, par exemple. Il suffit alors de trouver une autre activité qui nous passionne», explique Johanne Bernatchez. La clé, c'est le plaisir. L'idée consiste à repérer le plaisir qu'on ne se permettra que l'hiver. Bastien Lefebvre a une suggestion toute prête : Géographe de formation, il fait partie de ceux qui profitent pleinement de la saison, puisqu'il gère une petite entreprise, Nordik Aventures, dans la région du Mont-Orford, qui offre depuis trois ans des randonnées de traîneaux à chiens. Il affirme qu'il connaît le nom de ses 38 huskies et qu'il n'a presque jamais annulé une sortie, même par temps de grands froids. «Les gens arrivent préparés et ouverts d'esprit. Nous avons toujours des vêtements supplémentaires pour les plus frileux.» Le plaisir est, là aussi, la clé d'une sortie réussie. Mais Bastien Lefebvre reconnaît que le débat pour faire apprécier l'hiver aux Québécois n'a pas beaucoup progressé : «Si l'on souhaite des progrès, il y a des liens à faire. Le paysage est là, magique, dès que la neige tombe. Qu'est-ce qu'on en fait? Ça, c'est une autre question», commente-t-il.

Martin Brochu précise que l'effort de la communauté peut faire la différence. Des études auraient démontré que l'aménagement extérieur d'un environnement a un impact sur les habitudes de vie des habitants des pays nordiques : «À Sherbrooke, l'aménagement du secteur du Lac des Nations, avec patinoire l'hiver, a donné le goût à bien des gens de sortir», souligne-t-il. D'autres villes pourraient s'en inspirer afin de donner à leurs citoyens le goût de l'hiver!